HUMEURS
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Dans Le Jardin De L’Ogre – Leïla Slimani

Les rédacteurs de Camezine n’aiment pas trop lire. On préfère largement se plonger dans les salles obscures ou vibrer à l’écoute d’un album mais la lecture, bof, c’est notre point faible. Ce qu’on préfère dans la littérature française ou étrangère, ce sont les coups de cœur spontanés. Avez-vous déjà choisi un bouquin sur un coup de tête, à la lecture d’une 4ème de couverture, d’un ou d’une auteur(e) au nom hasardeux ou d’un libraire assez convaincant [et/ou séduisant] qui vous fera basculer dans l’acte d’achat d’un pavé de 1000 pages à police et interlignage riquiqui? Vous l’avez compris, nous ne sommes pas des grands critiques. Et pourtant, de temps à autres, on achète un bouquin, le laisse volontairement  prendre la poussière entre 4 et 6 mois avant de s’y atteler avec conviction. Ça a été le cas avec le second livre de Leïla Slimani « Dans Le Jardin De L’Ogre« . C’était il y a 6 mois, en pleine crise d’hystérie littéraire, Slimani et Gallimard peuvent (ou pas) remercier l’étale généreuse du Gibert Quartier Latin car après une longue ronde amoureuse draguant les nouveautés littéraires, notre main s’arrêta sur son ouvrage aux allures tout aussi « boring » que les autres. Cependant, le résumé de la 4ème de couv’ a été beaucoup plus « exciting » que les autres…

«Une semaine qu’elle tient. Une semaine qu’elle n’a pas cédé. Adèle a été sage. En quatre jours, elle a couru trente-deux kilomètres. Elle est allée de Pigalle aux Champs-Élysées, du musée d’Orsay à Bercy. Elle a couru le matin sur les quais déserts. La nuit, sur le boulevard Rochechouart et la place de Clichy. Elle n’a pas bu d’alcool et elle s’est couchée tôt.
Mais cette nuit, elle en a rêvé et n’a pas pu se rendormir. Un rêve moite, interminable, qui s’est introduit en elle comme un souffle d’air chaud. Adèle ne peut plus penser qu’à ça. Elle se lève, boit un café très fort dans la maison endormie. Debout dans la cuisine, elle se balance d’un pied sur l’autre. Elle fume une cigarette. Sous la douche, elle a envie de se griffer, de se déchirer le corps en deux. Elle cogne son front contre le mur. Elle veut qu’on la saisisse, qu’on lui brise le crâne contre la vitre. Dès qu’elle ferme les yeux, elle entend les bruits, les soupirs, les hurlements, les coups. Un homme nu qui halète, une femme qui jouit. Elle voudrait n’être qu’un objet au milieu d’une horde, être dévorée, sucée, avalée tout entière. Qu’on lui pince les seins, qu’on lui morde le ventre. Elle veut être une poupée dans le jardin de l’ogre.»

La protagoniste semble être une femme comme les autres, mais accro. A quoi? La clope? Le boulot? Les régimes abusifs?  Le running? Le café? L’alcool peut-être? La violence? Non. Le sexe.

Adèle est dépendante au désir, au sien et celui des hommes. Elle est pourtant bien sous tous rapports, journaliste en politique internationale pour la presse écrite, mariée à Richard médecin gastro-entérologue brillant et mère du jeune Lucien qui n’en fait qu’à sa tête. Être mère, n’est pas son fort, être journaliste non plus. Non, ce n’est pas ce qu’elle veut être. Adèle se sent à l’étroit dans sa vie, elle veut être désirée et regardée. Malgré tout l’amour qu’elle éprouve pour Richard, c’est dans les bras d’autres hommes que son mari qu’elle trouve un peu de répit. Elle multiplie les amants et les mensonges, jusqu’à Xavier, le confrère de Richard…

Dans Le Jardin de L'Ogre - Slimani - couverture

Nous avons été absorbés dès la première page par l’écriture brutale et crue de Leïla Slimani. Au fil de la lecture, elle nous invite à se plonger dans une description précise de la vie sexuelle d’une nymphomane sans tomber dans le pathos, en insistant sur les problématiques psychologique et physique d’une vie hors-norme. Si certains ont jugé l’ouvrage trop cliché ou attendu, Camezine a été séduit par le personnage principal sensible et complexe de Dans le Jardin de L’Ogre. N’ayez aucun doute, foncez l’acheter chez votre libraire (qu’on espère sexy)!

Dans Le Jardin de L’Ogre par Leïla Slimani, 216p., Gallimard, 17,50 €
Découvrez le portrait de l’auteure sur le site de Libé: ICI.

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